Français de souche & cannabis

23 avril 2015

Lors de mon adolescence corrézienne, avec mes amis (tous « Français de souche »), nous avons connu de nombreuses interpellations musclées par la BAC pour consommation de cannabis sur la voie publique. A chaque fois, il s’agissait de petites ou infimes quantités sur nous, pour notre consommation personnelle. Et après destruction de notre matos et contrôle d’identité au central (où nous sommes pourtant tous connus comme récidivistes pour les multiples ILS de conso de shit) venait à chaque fois le même rappel à la loi, brut et donneur de leçons: « nous sommes des délinquants malades et allons finir parias de la société, drogués à vie ». Soit dit en passant, nous avons tous finis ingénieurs, cadres sup ou thésards…

Plus tard lors de mes études à Bordeaux, avec un ami Libanais alors étudiant étranger en France, nous étions tranquillement installés au jardin public où nous buvions une bière tout en fumant un peu d’herbe issue de ma production personnelle.

Et là, interpellation et contrôle d’identité par deux agents qui font du zèle. Cela dure un bon moment, mais je repars libre après avoir présenté mes papiers, français. Mon ami, qui était alors détenteur d’un titre de séjour, n’a pas connu le même sort: il s’est vu embarquer en GAV [ndlr: Garde A Vue] jusqu’au soir. Après s’être fait menacé d’expulsion à plusieurs reprises au poste de police, il fut finalement relâché.

Les flics étaient persuadés que c’était lui qui m’avait fourni l’herbe et ont tout fait pour tenter de lui faire déclarer cette version dans sa déposition…

A leurs yeux, l’Arabe était le dealer et le petit Français, la victime sous son emprise.

Nous étions seulement deux amis, célébrant la fin de nos examens sous un beau soleil de juin.

1 réflexion au sujet de « Français de souche & cannabis »

  1. Merci pour ce témoignage éclairant. Nous avons derrière nous probablement 40 ans de pratiques policières discriminantes s’abritant derrière la guerre livrée à la drogue pour entretenir une culture raciste au sein des forces de police. cette situation s’est cumulée sur presque 2 générations qui ont appris à se méfier des flics toujours susceptibles de vous coller contre un mur et de vous palper les poches, voire de vous faire baisser le pantalon dans une porte cochère. Les insultes racistes les plus criantes sont certainement passées de mode depuis une quinzaine d’années mais le nombre de « racailles » tapées au fafs n’est pas faible mais au contraire a considérablement augmenté. Il serait intéressant d’avoir des témoignages plus anciens car si la méfiance envers la police est à ce point tangible dans nos quartiers, elle s’appuie sur l’expérience des parents ou des oncles ou des cousins. On a pas fini de dépoussiérer le vieux dossier de la drogue et des cités de banlieue, reflet de celui des gettho africains américains.

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